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Les récents attentats et tentatives d'attentats sur le sol français, liés à la mouvance islamiste, ont amené les auteurs de cet article à se questionner sur ce qui peut pousser une personne à choisir le chemin de la lutte armée dans le cadre de croyances religieuses détournées. Ils se sont appuyés sur une revue internationale de la littérature psychologique et psychiatrique afin de tenter de dégager les processus explicatifs sous-tendant le processus d'adhésion à une idéologie radicale et le basculement d'individus dans le terrorisme. Les auteurs se sont focalisés sur trois axes principaux: une présentation générale du terrorisme et de ses liens éventuels avec la psychiatrie et la psychopathologie : la figure du "loup solitaire" mais aussi des cellules terroristes organisées responsables d'action mieux coordonnées ; les données pouvant être utilisables sur un plan pratique par les enquêteurs chargés des investigations et des interrogatoires.
Ils rappellent pour terminer les grands principes de la prise en charge des terroristes dans les processus de "déradicalisation" par le biais de protocoles visant à instituer un sentiment individuel positif d'existence.[-]

Les relations amoureuses et sexuelles entre le personnel des prisons et les détenus, et entre les personnes de la communauté (le plus souvent des femmes) et les criminels violents en général, font l'objet d'études psychosociologiques depuis la parution en 1939 du livre du docteur Samuel, « Les amoureux des criminelles » (I'enclitophilie). Le docteur Locard reparle de ce phénomène psychologique dans le tome VII de son « Traité de criminalistique » paru en 1940. Le terme d'origine grecque « hybristophilie » (aimer ce qui commet un outrage contre autrui) a maintenant remplacé le terme « enclitophilie » (aimer le blâmable). Ce comportement amoureux, considéré comme socialement inadapté, peut avoir de graves conséquences aussi bien pour l'administration pénitentiaire que pour les personnes amoureuses.[-]

La mise en place du plan de lutte antiterrorisme dans l'administration pénitentiaire a permis l'étude de paramètres cliniques et criminologiques de 112 personnes radicalisées placées sous main de justice (milieux ouvert et fermé). L'analyse de leur profil clinique et criminologique a permis de mettre en évidence l'importance de la criminalité de droit commun (75% des sujets) ainsi que quatre profils criminologiques particuliers : délinquants ambitieux, criminels prosélytes en réseau, personnes en situation de précarité, malades mentaux graves. On constate des invariants sur le plan du fonctionnement psychique de ces personnes : un axe psychopathologique (conflit identitaire, colère, haine) et des facteurs fragilisants (mère qui présente une pathologie somatique, père souvent absent, grande fratrie, niveau scolaire faible, fréquentations délinquantes, antécédents judiciaires). Une évolution de l'expression de leur radicalisation a également pu être observée et discutée à la lumière des postures professionnelles en présence.[-]

Les passions ont une longue histoire philosophique, puis médicale, depuis l'Antiquité. Pinel les utilise dans le traitement moral. Esquirol leur consacre sa thèse. Au tournant des XIXe et XXe siècles, le délire des persécutés–persécuteurs (1886), puis le délire de revendication (1909) marquent en France l'émergence de troubles psychotiques reposant sur l'exaltation passionnelle. Dide introduit dans son ouvrage de 1913 le mécanisme psychologique de la passion, conjugué à l'idéalisme, comme organisateur d'une nouvelle forme de pathologie mentale. Il distingue les idéalistes passionnés de l'amour (chasteté), de la bonté (religion, société, nature), puis de la beauté et de la justice (revendicateurs, réformateurs), cette dernière forme aboutissant à la cruauté. Il s'appuie sur de nombreux exemples historiques, du Moyen Âge au XXe siècle, et sur quelques observations. Ces sujets se caractérisent par la prédominance des anomalies de la sphère affective, auxquelles sont subordonnés jugements et représentations, par une inclination fixe se cristallisant brusquement, par leur intensité passionnelle, ce qui renvoie plutôt à un trouble de la personnalité qu'à une pathologie psychotique. G. de Clérambault crée en 1921 le groupe des délires ou syndromes passionnels, dont la forme principale est l'érotomanie, qu'il distingue radicalement de l'idéalisme passionné de l'amour. Dans son manuel, Henri Ey intègre les délires passionnels et de revendication au sein des délires chroniques paranoïaques.[-]

Le second alinéa de l'article 122-1 du Code pénal français prévoit une diminution de la peine en matière criminelle (cour d'assises) lorsque le coupable souffre au moment où il commet son acte d'un trouble mental qui atténue sa responsabilité. Cette disposition légale n'est pas toujours respectée, comme le montre la condamnation à l'emprisonnement à perpétuité d'un malade psychotique chronique auteur d'un homicide sexuel (viols sadiques). La cour d'assises a estimé que la grande dangerosité de ce schizophrène, aux antécédents pénaux multiples et qui refusait son traitement, justifiait cette condamnation, alors que l'expertise psychiatrique concluait qu'il devait bénéficier d'une atténuation de sa responsabilité pénale. Cette peine a été prise sans que le niveau de sévérité de son état mental ait été vérifié par une nouvelle expertise. L'auteur s'interroge donc sur le caractère « éthique » de cette décision de justice contraire à l'esprit de la loi mais légale. Il n'y a pas eu appel de la sentence.[-]