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"Il faut jouer pour devenir sérieux", disait Aristote. Malgré cette évidence antique, le jeu reste, dans l'esprit de beaucoup, une activité puérile et peu sérieuse, sauf lorsqu'il est assimilé au sport et à la marchandisation. Pourtant, il représente une composante essentielle de l'activité des enfants et de leur développement. Il est le fruit d'une histoire qui s'affirme dans la mise en corps d'une culture. Ce dossier contient cinq textes qui proposent une vision plus globale et plus ouverte de la réalité de ce qu'est l'activité ludique ainsi que de ses intérêts éducatifs, culturels et sociaux. Le jeu s'épanouit au coeur de l'Éducation nouvelle.[-]

Peu considéré dans le passé, le jeu est devenu un sujet d'étude et de réflexion qui prend aujourd'hui de plus en plus d'importance dans le champ de la recherche et de l'éducation. Quant à eux, dès leur création, lors de leur stage inaugural de Beaurecueil en 1937, les Ceméa accordèrent résolument une place remarquée aux jeux de plein air, aux jeux d'intérieur et à la culture physique. Ce souci de plonger les enfants dans les joies et les conquêtes socialisantes des activités ludiques a été constamment associé à notre Mouvement depuis sa création. Cependant les façons de considérer l'enfant en train de jouer ne sont plus les mêmes, et il s'est imposé d'explorer et de déchiffrer les processus qui s'accomplissent au cours de l'action ludomotrice elle-même. On ne peut se contenter aujourd'hui de répéter de façon scolaire les propos des psychologues ou des biologistes qui parlent, souvent avec talent, du jeu mais sans le connaître réellement, sans l'avoir ni pratiqué ni enseigné. L'éducateur doit se prendre en mains. Il est étonnant que nous n'ayons pas réalisé pour nous-mêmes l'émancipation que nous prônons pour l'enfant![-]