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Notre société fonctionne sur les échanges monétaires et nos économies reposent sur l'idée sexiste selon laquelle les hommes seraient tournés vers la sphère rémunérée extérieure au foyer, l'espace public et producteur, et les femmes seraient quant à elles tournées vers les affaires du ménage, l'espace privé et reproducteur. Ceci est pourtant faux, tant historiquement que sociologiquement, ce qui montre la force d'occultation du réel par les représentations. Dès lors, comment les femmes organisent-elles leur autonomie financière dans un contexte de salaire inégal, de sur-rétribution des hommes, de la prise en charge gratuite du reproductif qui leur incombe et de non participation matérielle des pères dans nombre de familles monoparentales ? Ce dossier nous invite à nous replonger dans cette thématique indispensable : celui de l'accès des femmes aux ressources matérielles et la valeur d'autonomie qu'elles leur attribuent, en patriarcat, dès lors qu'elles vivent ou ont vécu avec des hommes.[-]

Sale boulot, boulots sales : le concept de dirty work tel qu'il est décrit par Everett C. Hughes désigne à la fois des activités professionnelles jugées dégradantes, dégoûtantes ou humiliantes, souvent en bas de l'échelle de la division du travail et certaines dimensions moins valorisantes présentes dans toutes les activités professionnelles, même les plus prestigieuses, et dont on essaie généralement de se débarrasser en les transférant au personnel subalterne et/ou aux salarié·e·s récemment arrivé·e·s ou moins intégré·e·s – précaires, sous-traitant·e·s. Ce numéro revient sur cette notion classique de sociologie du travail dans le cadre d'une réflexion sur les inégalités de genre en s'intéressant spécifiquement aux boulots sales dans lesquels les travailleurs et travailleuses sont directement en contact avec la salissure, les déchets, les fluides corporels. La variété des métiers étudiés permet de rendre compte des expériences multiples. Les articles invitent à poursuivre les travaux mobilisant la notion de sale boulot sous l'angle du genre dans d'autres secteurs professionnels qui ont explicitement les attributs des boulots sales (gestion de la mort, travail dans les égouts ou les abattoirs par exemple), mais aussi de les comparer aux secteurs hautement valorisés de l'espace social. (note de l'éditeur)
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