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Parmi les professionnels de soins, les infirmières, de même que les aides-soignantes, sont les plus proches des personnes soignées, aussi bien au niveau relationnel que corporel. La nature même des soins infirmiers implique la nécessité d'entrer dans l'intimité des personnes et le contact corporel va au-delà du contact humain naturel. En plus de toucher le corps à tous les endroits, de le laver, les infirmières les pénètrent en faisant des injonctions, en posant des sondes diverses et en faisant des lavements. Le contact avec le corps de l'autre est régulé culturellement, tout comme le contact avec les excrétas corporels. Dans les conditions normales, la proximité avec le sale ou l'impur suscite le dégoût. Or, cela semble difficilement acceptable dans la relation soignant-soigné. Comment ce dégoût est-il alors géré par les professionnels ? Comment s'effectue l'apprentissage du contrôle des affects ? [-]

Les liens de la profession infirmière avec le sacré et la religion sont complexes et ils ne semblent pas encore être complètement élucidés. Dans les années 1980, les infirmières françaises sont descendues dans les rues pour revendiquer une autonomie et une reconnaissance, notamment salariale. Parmi les slogans portés par leur mouvement, il y avait une identification négative : "Ni bonnes, ni nonnes, ni connes". Dans l'imaginaire professionnel infirmier français, on retrouve en effet une croyance selon laquelle les infirmières descendraient en ligne directe de "bonnes sœurs" et le slogan cité rejetait cette filiation - "Le long passé religieux du métier d'infirmière est un héritage qu'une majorité d'infirmières françaises (pas seulement) renie". Mais encore faudrait-il comprendre ce qui est précisément rejeté dans l'image des religieuses.[-]