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Nos sociétés, où les relations de parenté les mieux établies ont tendance à se brouiller, favorisent l'inceste et son passage à l'acte. Peu de choses, désormais, distinguent une mère de sa fille ; les marques symboliques, comme les vêtements, sont les mêmes pour l'une et pour l'autre ; les rôles sociaux, comme la prise en charge des enfants, des petits frères et des petites soeurs, sont interchangeables... Pourquoi en irait-il autrement dans les compétences sexuelles ?[-]

Qu'est-ce qui est incestueux ? Pour la plupart d'entre nous, l'inceste concerne les relations sexuelles entre partenaires consanguins, à des degrés plus ou moins rapprochés, ou entre alliés matrimoniaux. La chose est plus complexe.
Françoise Héritier, anthropologue africaniste, livre ici sa contribution au grand débat sur la fonction de la prohibition de l'inceste. Elle soutient que le domaine des relations sexuelles incestueuses s'étend au-delà du cercle habituellement défini. Une mère et sa fille, ou encore deux soeurs peuvent-elles partager le même homme ? L'auteur, textes religieux et données ethnographiques à l'appui, montre qu'il y a là inceste en un sens large : les sociétés répugnent à la mise en rapport, même indirecte, des éléments d'une même lignée. L'interdiction de l'inceste apparaît alors dans sa dimension symbolique : elle garantit l'opposition des catégories de l'identique et du différent, à la source de toute pensée classificatrice et logique. Assurant l'aptitude à symboliser la différence sexuelle et, plus largement, à penser, cette opposition est une loi fondamentale de la culture humaine. [-]

XX, XY... Comment devient-on un homme ou une femme? Qui gouverne la construction de notre identité sexuelle? Nos gènes? Nos hormones? La société? La famille? Simone de Beauvoir avait-elle raison lorsqu'elle écrivait "on ne naît pas femme, on le devient"?
Sauf accident, les lois de la génétique et de la physiologie font de nous des mâles ou des femelles. Mais, au-delà de ce déterminisme génétique, nous sommes également façonnés dans notre intimité par le regard de nos parents, de nos proches et de la société tout entière.
Si la différence des sexes structure la pensée humaine, peut-on changer les rapports entre les hommes et femmes? Qu'en disent les sciences sociales, les sciences humaines et les sciences du vivant?[-]

Nos sociétés, où les relations de parenté les mieux établies ont tendance à se brouiller, favorisent l'inceste et son passage à l'acte. Peu de choses, désormais, distinguent une mère de sa fille ; les marques symboliques, comme les vêtements, sont les mêmes pour l'une et pour l'autre ; les rôles sociaux, comme la prise en charge des enfants, des petits frères et des petites soeurs, sont interchangeables... Pourquoi en irait-il autrement dans les compétences sexuelles ?[-]