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On savait déjà que les hommes vieillissent. On sait aujourd'hui que le vieillissement peut aussi être le lot des sociétés. Des sociétés pauvres comme des sociétés riches, même si toutes ne sont pas égales face à ce processus. C'est le monde entier qui est atteint d'une "géritude" allant en s'accentuant. Face à ce vieillissement sociétal, la peur gagne souvent les esprits, comme la crainte ancestrale de vieillir étreint l'homme depuis toujours. Une peur viscérale, liée à la dénatalité et au dépeuplement, à la montée des vieux, à la ruine de la sécurité sociale et à la perte de dynamisme collectif... Pourtant, une nouvelle attitude scientifique émerge progressivement, qui voit dans le vieillissement une nécessité historique et un irréversible sociologique, et qui met en lumière ses avantages, plutôt que les dangers si souvent dénoncés du péril sénile et de la "peste blanche". À la limite, le vieillissement est même probablement un progrès social sans précédent. C'est cela la révolution grise : une façon entièrement nouvelle de repenser nos institutions, nos valeurs et nos modes d'organisation et de fonctionnement, une façon aussi de réconcilier nos structures par âge avec nos structures sociales et économiques. La Chaire Quetelet 86 a été l'une des premières grandes manifestations de ce nouvel état d'esprit et probablement le révélateur de l'expression même de "révolution grise" consacrant cette profonde mutation culturelle. Une centaine de communications scientifiques y ont été présentées pour faire le point sur l'état de nos connaissances et de nos réflexions en matière de vieillissement dans la plupart des grandes disciplines sociales concernées : démographie, histoire, anthropologie, sociologie, psychologie, économie, etc.

OUVRAGE À HAUTE VALEUR HISTORIQUE[-]