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Les vagues récentes d'attentats en France ont amené les professionnels de la santé et ceux de la justice à se rencontrer, à échanger, à travailler ensemble, dans un objectif qui se veut commun : la prise en charge des personnes présentant des problématiques de radicalisation. L'opérationnalisation de ce macro-objectif permet de distinguer les missions des différents acteurs en jeu. Ainsi, la question de la prise en charge nécessite la définition de l'objet d'intervention, la finalité, réhabilitative et/ou thérapeutique, et les moyens mis à disposition. Dans cet entretien, les membres de l'ARCA, Erwan Dieu et Olivier Sorel, évoquent la place de la psychothérapie intégrative dans la prise en charge des problématiques de radicalisation. L'enjeu de cette discussion est de clarifier les fonctions et les objectifs de chacun des acteurs à l'interface des personnes présentant cette forme de radicalité.[-]

Les enfants et les adolescents ont été particulièrement touchés par les conséquences psychologiques de la crise sanitaire liée à la pandémie de COVID-19. Les confinements successifs, le port du masque, la perte de leurs repères et de leur environnement social habituel à la suite des fermetures des écoles et à l'arrêt des activités extra-scolaires ont été autant d'adversités auxquelles ils ont été confrontés et qui ont fragilisé leurs stratégies de coping et leurs ressources. Dans cet entretien avec Jean-Pierre Bouchard, Olivier Sorel, Juliane Tortes Saint-Jammes et Sandie Meillerais discutent des modifications mises en place dans leur clinique de l'enfant dans le cadre de cette pandémie. Dans un deuxième temps, ils mettent en évidence les modalités de prise en charge spécifiques afin de développer, renforcer ou relancer les ressources des enfants et des adolescents pendant la thérapie au moyen de vignettes cliniques. Enfin, ils abordent la notion même de l'accompagnement clinique, en laissant une grande place à la thérapie EMDR et à une approche centrée sur la famille.[-]

Les distorsions cognitives sont des processus mentaux qui agissent sur l'individu et qui régissent en partie son rapport au monde. Elles s'installent de manière très précoce et dépendent directement des premières expériences de vie desquelles un apprentissage implicite sur le monde et sur soi va avoir lieu. Ces apprentissages sont personnels et biaisés. De ces derniers vont dépendre les filtres cognitifs que l'individu va renforcer à la manière d'un cercle vicieux. Les informations sélectionnées dépendent de ces filtres, et les processus de traitement de ces informations vont dépendre des distorsions du sujet. Ces processus mentaux se retrouvent chez tout un chacun ; néanmoins, certaines populations présentent des spécificités de par leur expérience de vie. C'est le cas des patients ayant une symptomatologie anxio-dépressive, des victimes ou des personnes souffrant de Trouble Stress Post-Traumatique. À la lumière des différentes approches thérapeutiques et des différents traitements qui sont accordés à la dimension cognitive, nous proposons une modélisation sous forme de syllogisme du mode de penser le monde et de s'y confronter des patients ayant un statut de victime. Deux vignettes cliniques permettent d'illustrer cette modélisation. Cette dernière s'enracine dans la philosophie, la psychopathologie cognitive, mais se veut transthéorique et peut être utilisée, peu importe l'obédience du thérapeute[-]

L'emprise est la réduction de l'autre au statut d'objet, l'anéantissement de sa subjectivité par le déni de ses besoins et désirs, au profit des siens propres. Elle passe par l'appropriation de l'autre, sa dépossession et sa domination. Exercée au sein du couple, elle se traduit par d'importantes violences psychologiques, parfois supplées de violences physiques et sexuelles qui participent à rendre la victime dépendante et dépourvue d'estime d'elle-même. L'emprise représente donc un enjeu majeur dans la lutte contre les violences conjugales dont les professionnels de soin, de la justice et du social doivent se saisir. Notion complexe, elle s'explique par divers mécanismes criminologiques et victimologiques. Certaines caractéristiques du fonctionnement psychologique, certains troubles psychiques et traits de la personnalité constituent des facteurs de risque à exercer l'emprise ou à en être victime. La qualité de la relation aux figures d'attachement, l'image de soi, l'accès à la mentalisation, le rapport aux émotions sont autant de facteurs représentant à la fois l'étiologie et les axes de prise en soin des victimes et auteurs d'emprise. Ici, nous proposons des pistes claires et concrètes pour comprendre le profil des victimes et auteurs d'emprise afin d'adapter au plus juste notre positionnement et la prise en charge, l'objectif étant d'offrir à nos patients la perspective d'un mode de relation à l'autre sain, et la possibilité pour les victimes de sortir de ce cycle destructeur. Nous pouvons tous, soignants, travailleurs sociaux et professionnels de la justice, contribuer, en synergie et en collaboration, au processus de reconstruction des victimes et à la prévention de la récidive des auteurs.[-]

Les séparations conjugales sont rarement une formalité et elles représentent souvent une étape de rupture significative dans le développement des enfants qui la subissent et dans leur équilibre de vie. Dans le meilleur des cas, les parents parviennent à maintenir une coparentalité et une continuité dans les habitudes de vie des enfants. Dans le pire des cas, les enfants subissent de plein fouet la séparation conjugale et cette dernière peut dégénérer. Les enfants sont alors les victimes directes des déchirures parentales, et peuvent être placés en situation de choix. Dans cet article, nous présentons les garde-fous nécessaires et autres précautions à prendre pour minimiser les conséquences de la séparation parentale, et préserver autant que possible les enfants. Dans ce cas, il est primordial de respecter la temporalité de l'enfant et de répondre à ses besoins du moment, qui varient tout au long du processus de transition. Les études scientifiques portant sur le développement de l'enfant et sur la théorie de l'attachement abondent dans ce sens. Enfin, nous proposons une modélisation des différentes modalités de séparation et de l'impact qu'elles peuvent avoir sur l'enfant en termes de victimisation. Cette conceptualisation offre aux parents une guidance pour tenter de bien se séparer, et a minima de ne pas se séparer dans de mauvaises conditions, toujours en adoptant la perspective de l'enfant.[-]

Les dernières années ont vu émerger les concepts de ludo-éducatif, ludo-pédagogique et de serious games. La crise sanitaire, et plus spécifiquement les confinements successifs, ont eu pour conséquence de remettre les jeux et des temps de jeux dans les familles, d'une part, et de modifier leurs pratiques ludiques, d'autre part. Aujourd'hui, le jeu peut être sérieux et à destination des adultes. Il a acquis ses lettres de noblesse, et a trouvé son public. Dans cet entretien avec Jean-Pierre Bouchard, Olivier Sorel et Marie Sebag discutent du statut particulier du jeu d'échecs dans une ludothèque. Dans un deuxième temps, ils décrivent à la fois les conditions nécessaires à être un bon joueur, et les bienfaits à tenter d'en devenir un, en termes de compétences cognitives et émotionnelles. Enfin, ils questionnent la place du jeu dans la psychothérapie et décrivent les motivations à l'utiliser avec un patient, et listent les éventuelles précautions à prendre pour le thérapeute afin de ne pas sortir de son cadre de travail.[-]