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En France, la loi "Handicap" adoptée en 2005 a donné une place et une reconnaissance aux personnes souffrant de troubles psychiques. Cette reconnaissance a trouvé un écho certain dans les pratiques médico-sociales. Mais dix ans après l'adoption de cette loi, qu'est-ce qui a réellement changé dans les pratiques des professionnels de la santé mentale en France ? Cet ouvrage collectif, écrit par de nombreux professionnels de la santé mentale, explique vers quoi ces pratiques devraient tendre.[-]

Depuis les premiers Hôpitaux de Jour en France portés en 1962, bien des évolutions techniques et thérapeutiques sont venues ponctuer les avancées de ces structures de soins à temps partiel. Le temps est venu de se demander comment les équipes concernées répondent à la question du devenir de l'hospitalisation de jour alors même que s'affichent ces dernières années des propositions ou injonctions nouvelles. Citons en particulier le rapport Laforcade en 2016 qui annonce la fin prochaine des HDJ considérés comme « lieux de chronicisation et de stigmatisation » recommandant de les transformer en CATTP et /ou en atelier thérapeutique pour rechercher souplesse et innovation. Le lecteur pourra retrouver au fil des textes un florilège des expressions usuelles qui résonnent dans le quotidien d'un HDJ. Il est question d'accueil et d'accrochage, de parcours de soin, des médiations, de tissage des liens. D'autres sont plus orientés sur l'accompagnement et la relation, le collectif et les groupes. Enfin certaines équipes travaillent beaucoup plus sur l'ambiance les interactions et la rencontre ; tandis que la psychothérapie et la singularité de chaque patient sont au centre des préoccupations de toutes les entreprises soignantes.[-]

Ce numéro tente d'apporter quelques éléments de réponse à cet effet délétère de l'hôpital et de reprendre une notion que la psychiatrie porte souvent comme un fardeau, celle de chronicité. La chronicité est en même temps une conséquence de la maladie mentale et un effet de l'institution. L'asile et les pratiques asilaires, en isolant les malades et en imposant une spatialité et une rythmicité quasi immuables, a favorisé l'augmentation massive de malades chroniques peu autonomes.

3Pour autant, des pratiques alternatives persistent où les équipes sont attentives au respect des droits et à la dignité garantissant aux personnes atteintes de troubles psychiques d'avoir une vie plus en accord avec leur pouvoir d'agir, tout en essayant de l'augmenter. Les équipes de psychiatrie et du médico-social, si elles ne se laissent pas piéger par les tâches répétitives ou purement techniques, développent leur créativité relationnelle et clinique qui donne sens et vitalité aux soins et à l'accompagnement des malades.

4Les articles présentés dans ce numéro décrivent ces pratiques où l'on remet au centre la lutte contre les effets sclérosants de la maladie chronique.[-]