- n° 5 - pp. 526-531
Contexte
La sexualité de la personne âgée reste marquée par des perceptions et des préjugés négatifs. À partir de la littérature sociologique et psychodynamique sur l'amour, la sexualité et le deuil, nous questionnons le vécu subjectif des personnes âgées, veuves, résidant en EHPAD.
Objectif
Cette étude qualitative a pour objectif de comprendre le vécu subjectif de l'amour et de la sexualité chez la personne âgée veuve et de repérer les articulations possibles. Cette compréhension peut générer des réflexions sur l'accompagnement spécifique de la personne âgée et du groupe soignant et sur la psychologie riche du sujet vieillissant.
Méthode
Cette étude repose sur une approche qualitative. Deux entretiens (le premier non directif, le second semi-directif) par résidents présélectionnés selon divers critères ont été réalisés. Ces entretiens ont ensuite été interprétés individuellement puis transversalement.
Résultats/Discussion
Nous avons remarqué une réticence des participants quand il s'agissait d'évoquer la sexualité, comme si cela ne les concernait plus, n'était plus de leur âge. Le lien psychique avec l'être aimé et décédé persiste. Les sujets ont pu insister dans leur témoignage sur la notion de confiance, d'engagement à l'autre, sans tomber dans une idéalisation de l'être aimé, tout en soulignant la qualité de ce lien au compagnon de vie.
Conclusion
Cette étude encourage les soignants à ne pas considérer la personne âgée sous l'angle des douleurs somatiques et des déficits sensoriels et à accorder de l'intérêt et de l'importance à sa vie psychique, à ce qui fut et ce qui est. Cette recherche éclaire le devenir des investissements affectifs, amoureux, et les dynamiques conjugales et familiales lors du grand âge et de l'approche de la mort. Nous en arrivons à la conclusion que le vieillissement appelle à la création de nouveaux liens à soi et à l'autre, loin de l'idée d'un rétrécissement de la vie psychique calquée sur les désordres somatiques.
(Note de l'éditeur)
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