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Alors que la mobilité planétaire s'accroit, elle se double, pour raisons de sécurité, d'une fouille renforcée dans les aéroports et d'un durcissement du contrôle aux frontières. L'engouement des ouvertures s'accompagne de la réapparition de contraintes et d'une tendance à l'isolement nationaliste. Ces paradoxes et débats se retrouvent de manière aiguë dans les lieux de soins. On n'a jamais autant parlé des droits du patient et de sa liberté de choix quant à son « parcours de soin ». Mais plusieurs alertes ont été lancées concernant l'augmentation préoccupante en psychiatrie des mesures de contention et de soins sous contrainte. Ces contradictions et ces réalités ont motivé ce numéro où les notions de liberté, de privation de liberté, de libération sont mises en perspective à partir de différentes situations d'enfermement. En effet, l'enfermement est multiple : on peut enfermer, être enfermé, mais aussi s'enfermer.[-]

Les auteurs proposent une évolution de la conception de la schizophrénie du phénoménologue belge Marc Richir au travers des concepts d'affectivité et de dissociation (Spaltung). Leur objectif est de montrer comment ces notions trouvent leur place dans la refondation de la phénoménologie de Richir et de réfléchir à la pertinence clinique possible de ces conceptions. La Spaltung thématisé dans cet article n'est pas un mode déficient de structures transcendantes ou existentielles, mais caractérise dans une certaine mesure chaque existence humaine. Et c'est paradoxalement à l'endroit de la Spaltung que Richir propose une distinction renouvelée entre le normal et le pathologique inspiré de la phénoménologie. Nous présentons une revue systématique des conceptions de Richir sur la Spaltung et la schizophrénie, depuis ses premiers travaux sur la psychopathologie à la fin des années 1980 jusqu'à ses derniers travaux présentés dans son maître-ouvrage sur les psychopathologies, Phantasia, imagination, affectivité, en 2004. La perspective de Richir offre une nouvelle compréhension de l'expérience schizophrène et de la relation thérapeutique qui peut embrasser les dimensions à la fois incarnée, intersubjective et imaginaire de l'expérience humaine. Elle pourrait ainsi constituer un dispositif heuristique fécond pour la recherche translationnelle en psychiatrie.[-]

Le paradigme du rétablissement émerge en santé mentale depuis une trentaine d'années, il devient aujourd'hui central dans les pratiques psychiatriques. Le rétablissement expérientiel d'une personne désigne un processus singulier, subjectif et dynamique de réappropriation d'une vie satisfaisante en s'appuyant sur ses forces, ses valeurs, et sur l'expérience de la maladie psychiatrique. Ce concept a entraîné un changement de regard des acteurs en santé mentale sur la manière de comprendre l'expérience vécue des personnes vivant avec une schizophrénie. Les auteurs présentent dans cet article l'analyse phénoménologique d'une situation clinique de retrait positif. Ce phénomène a été mis en lumière par les travaux anthropologiques de Corin et Lauzon au Québec. Il désigne une forme choisie de retrait social et relationnel, permettant à la personne avec une schizophrénie de rétablir des liens dans une distance contrôlée et sécurisante. Dès lors, il s'agit de proposer une perspective radicalement différente de ce que la sémiologie psychiatrique désigne par symptômes négatifs, apragmatisme et isolement social à partir d'une perspective en première personne. Dans cet article s'appuyant sur une situation clinique, ils proposent d'éclairer les agencements et négociations permanents opérés par le patient s'agissant de son espace vécu, de son rapport à autrui et de son expérience du temps. L'analyse a conduit à examiner les paradoxes des formes de rétablissement engagées par les personnes vivant avec une schizophrénie. L'approche phénoménologique en psychiatrie invite le clinicien à porter une attention aux agencements concrets de la vie quotidienne de ces personnes en deçà des catégorisations du normal et du pathologique.[-]

Comment le délire influence-t-il les comportements des malades dans les états psychotiques ? Une intuition clinique ancienne voudrait que le délire ne soit pas mis en acte (il serait « inconséquent »). Les auteurs présentent la façon dont cette question a été abordée depuis le début du XXe siècle dans la littérature psychiatrique et psychopathologique, à la fois classique et contemporaine, dans des cadres épistémologiques variés (nosographie psychiatrique, philosophie de la psychiatrie, psychiatrie phénoménologique, psychopathologie psychanalytique, et psychopathologie empirique). Ils proposent de considérer la notion d'inconséquence délirante, définie comme une absence d'effet de l'idéation délirante sur les comportements du malade, irréductible aux symptômes déficitaires de la schizophrénie. Ils envisagent les perspectives scientifiques et cliniques ouvertes par l'étude de cet aspect du phénomène délirant.[-]

Le but de ce travail est d'explorer les multiples aspects du « Praecox Feeling » tels qu'il a été décrit par le psychiatre néerlandais H.C. Rümke et développé dans les suites par ses pairs.
Le Praecox Feeling a été présenté par Rümke comme le moyen le plus sensible pour diagnostiquer une schizophrénie. Phénomène singulier de la rencontre clinique, il peut être décrit comme une expérience de bizarrerie ou d'étrangeté vécue par le clinicien au contact de son patient. Rümke conclut que le diagnostic de schizophrénie ne se fait pas strictement par une description précise des symptômes, mais en examinant son propre ressenti[-]