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La sexualité lors de la vieillesse reste encore taboue, presque choquante, qu'il s'agisse de pratiques hétérosexuelles ou homosexuelles. Pourtant cette séquence de vie met à l'épreuve l'identité sexuée et révèle des aménagements inédits dont l'auteur rend compte à partir de sa pratique d'accompagnements psychologiques auprès de personnes âgées notamment en institution.

« Frédéric Brossard nous invite à comprendre comment certaines expériences survenant lors du vieillissement, particulièrement en rapport avec le sexuel et la sexualité, (re)mettent en question certitudes et convictions identitaires chez beaucoup, en raison d'un réel vacillement subjectif. Ces moments de crise ont bien souvent valeur d'évènements et se traduisent par une expression symptomatique qu'il est nécessaire de décrypter finement. » José Polard

En effet, la vieillesse peut être une opportunité pour le sujet de repenser, de réélaborer le masculin et le féminin. Ces orientations peuvent alors connaître de nouvelles perspectives, pas seulement dans le cas d'un coming-out tardif, d'une perspective « trans » ou de troubles mnésiques... Sans méconnaître l'éclairage porté par les études de genre, l'auteur a choisi d'interroger les effets de la vieillesse sur la sexualité à partir du fil rouge que constitue l'identité sexuée et de sa clinique singulière auprès de personnes âgées en EHPAD qui se réfère à la fois à la psychologie clinique, la psychanalyse mais aussi à la phénoménologie. Il aborde également la dimension institutionnelle en levant le voile sur le vécu de la sexualité et de l'identité sexuée en établissement. (note de l'éditeur)[-]

Dans le champ du vieillissement, la recherche actuelle se concentre peu sur l'identité sexuée souvent supposée comme inexistante, notamment dans le très grand âge. Notre objectif est de cibler si elle est encore véritablement opérante, à ce moment, mais aussi de cerner les éventuelles vicissitudes rencontrées. À partir d'un accompagnement psychothérapique réalisé chez une personne nonagénaire en EHPAD, par un psychologue clinicien, sur une durée d'un mois et demi, à la fréquence de deux entretiens hebdomadaires, différentes vignettes ayant une visée descriptive vont retracer ces rencontres. Puis dans l'après-coup, une réflexion nous permet alors de saisir les différentes caractéristiques psychiques exprimées chez cette personne. Certaines modifications peuvent se révéler soudaines et déstabilisantes, relevant davantage d'un trouble éprouvé. En effet, présentant une certaine forme de repli sur soi, le résident va énoncer ne plus se reconnaître dans son identité sexuée avec l'apparition d'un nouvel attrait provoquant une grande souffrance psychique (troubles paraphilliques). Celle-ci est d'abord vécue comme intrusive. Elle vient remettre en cause également son rôle social, qu'il soit au sein de sa famille ou encore même dans ses relations amicales et, plus intimement, dans son rapport à lui-même. Le dénouement de cet accompagnement permet de mettre en exergue des mobiles inconscients se manifestant dans ce nouvel attrait.[-]