Documents LHANDE Patricia 2 résultats

Cet article rend compte du processus qui a mené à la naissance d'un projet innovant de soins "hors les murs" et la mise en place d'une équipe expérimentale, interinstitutionnelle d'intervention scolaire pour des situations d'élèves hautement perturbateurs. Un élève est un enfant en situation scolaire et ses perturbations le concernent lui, mais aussi ses parents, sa classe, son école et toutes les autres institutions d'éducation, de protection ou de soins sollicitées pour le prendre en charge. L'unité mixte et mobile d'intervention scolaire (Ummis) a alors vocation à s'occuper non pas de la vulnérabilité d'un enfant mais de toute une communauté au sein de laquelle la perturbation de l'élève se propage. Cet article illustre les principes généraux du dispositif (avec son contexte d'intervention, sa méthodologie, son processus de prise en charge et ses mécanismes thérapeutiques), les résultats, les intérêts et les bénéfices de ce travail, ainsi que ses limites qui poussent à un changement de paradigme au-delà d'un territoire et de ses acteurs. Mais avant tout, il vise à jeter les bases - théoriques et expérientielles - d'une nouvelle culture interinstitutionnelle et multisystémique inspirée d'une vision relationnelle du sujet. Cette culture devrait alors permettre de légitimer la possibilité d'actions au sein de chaque système, et de les mettre en mouvement une fois remobilisées par une approche holistique de soin.[-]

Dans la supervision, grâce au repérage d'isomorphismes ou similitudes structurelles entre la situation clinique et l'histoire du thérapeute, les acteurs soutiennent le processus de formation de l'intervenant (débutant, en formation ou expert) pour le conduire à l'intégration d'une attitude plus cohérente. Ils abordent, étape par étape, la démarche en supervision indirecte, et plus particulièrement, la connexion aux émotions enfouies et l'accès à de nouveaux éléments de l'histoire familiale du thérapeute. Ce travail de lien permet d'approfondir des recherches biographiques et d'accéder, grâce à une narration cohérente de l'histoire familiale d'origine, à une identité professionnelle plus solide directement reliée avec un sentiment d'appartenance groupale. Ce nouveau bagage (tel une cartographie de la famille) est utile pour aborder les questions occultées jusque là. Ainsi, les auteurs montrent par des illustrations cliniques que le modèle de Chouhy donne des pistes pour ne pas rester envahi par les émotions que le système thérapeutique met en lumière ou amplifie au niveau de l'histoire familiale du thérapeute. Il permet une modification des représentations de l'histoire du thérapeute et, par-là, une relance dans la réflexion clinique et sur sa place institutionnelle.[-]