La haine est un des affects fondamentaux qui structurent le sujet humain, dès le plus jeune âge. Elle a été repérée dans l'Antiquité par les philosophes, dont Empédocle qui, au Ve siècle avant J.-C., écrivait que l'amour et la haine règnent cycliquement sur l'univers, et sont les deux faces d'une même médaille. Dans le développement de l'enfant, la haine peut se manifester sous des symptômes très divers dans le langage ou dans ses agirs. La clinique de l'adolescent nous indique, par ailleurs, que la haine fait partie des affects majeurs de ce passage dans son psychisme et parfois dans ses comportements et ses passages à l'acte. Dans notre monde contemporain, comme dans la clinique, nous observons une montée en puissance de la haine dans les rapports entre les enfants, les adolescents, aussi bien que chez les adultes. Ce qui se manifeste, le plus régulièrement, dans la dégradation des rapports humains, et ce, dès les premiers âges. L'autre est stigmatisé, raillé ou rabaissé, car il est différent : différence culturelle, sociale, religieuse, ou physique. Peut-on parler de la haine de la différence ? À partir de ces constats, quelles élaborations sont possibles pour aider à mieux penser la haine et ses figures contemporaines ? Les abords thérapeutiques sont souvent délicats, longs, éprouvants pour les soignants, car la haine va se transférer aussi sur ceux qui prennent en charge ce type de pathologie au quotidien. La haine a un effet de séparation, de coupure des liens, et cela retentit également sur les soignants : est-ce que cela implique une élaboration commune et des constats à tisser avec les autres personnes de l'environnement de l'enfant ou de l'adolescent ? Les liens avec l'institution scolaire, la médecine, la justice ou les services sociaux sont-ils utiles, nécessaires ? Les auteurs ont cherché, dans ce numéro, à transcrire la clinique et les réflexions de praticiens de divers champs de l'enfance et de l'adolescence, pour rendre compte d'un affect essentiel qui se rencontre de plus en plus dans la pratique et qui envahit le champ de relations sociales.
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La haine est un des affects fondamentaux qui structurent le sujet humain, dès le plus jeune âge. Elle a été repérée dans l'Antiquité par les philosophes, dont Empédocle qui, au Ve siècle avant J.-C., écrivait que l'amour et la haine règnent cycliquement sur l'univers, et sont les deux faces d'une même médaille. Dans le développement de l'enfant, la haine peut se manifester sous des symptômes très divers dans le langage ou dans ses agirs. La ...