« S'il y avait un établissement où l'on donnât assez à manger pour subsister, bien loin d'être obligé d'écrouer les individus qu'on voudrait y placer, un tiers de la population se précipiterait pour y être admis1. » « Ce qu'il faut, c'est trouver de l'ouvrage sur place, à ce moment surtout où, malgré tous les secours de la charité privée, un tiers de la population figure sur les registres du bureau de bienfaisance '2. » Quatre-vingt-dix ans séparent ces deux constatations émanant, l'une du gouverneur de la province de Namur en 1816, l'autre de l'échevin des Travaux publics en 1905. Toutes deux dénotent, à coup sûr, l'existence d'un problème social à Namur. La similitude des proportions indiquées, à près d'un siècle de distance, frappe au premier abord : en 1816 comme en 1905, un tiers de la population réclame les secours publics ou en bénéficie.
Mais le dénuement des indigents namurois de 1816 peut-il être comparé à celui des habitants inscrits en 1905 sur les listes du bureau de bienfaisance ? La notion de « pauvre », d' « indigent » a-t-elle évolué ? Les secours distribués ont-ils changé qualitativement et quantitativement ?
L'existence du paupérisme à Namur, dans le courant du xixe siècle, son évolution, ses causes, ses caractères, les remèdes divers qu'on y apporta ou qu'on tenta d'y apporter, l'attitude des classes aisées vis-à-vis de ce phénomène, sont autant de problèmes que nous allons tenter de résoudre.
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« S'il y avait un établissement où l'on donnât assez à manger pour subsister, bien loin d'être obligé d'écrouer les individus qu'on voudrait y placer, un tiers de la population se précipiterait pour y être admis1. » « Ce qu'il faut, c'est trouver de l'ouvrage sur place, à ce moment surtout où, malgré tous les secours de la charité privée, un tiers de la population figure sur les registres du bureau de bienfaisance '2. » Quatre-vingt-dix ans ...