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Les travailleurs sociaux de "première ligne" sont assignés à lutter contre la radicalisation. Mais cette assignation, construite sur des représentations idéologiques, implicites, du processus de radicalité islamique, entre en contradiction avec leurs propres expériences de vie et leurs expériences de terrain. Placés en position subalterne, la compétence d'analyse et de construction d'actions ne leur est pas reconnue, alors que la construction collective des savoirs professionnels articulés à la recherche pourrait permettre de penser autrement cette dynamique, donc d'agir autrement sur son développement.[-]

La montée en puissance du numérique (la nouvelle révolution depuis la révolution industrielle du XIXe siècle) bouleverse les pratiques et questionne les éducateur·rices et les professionnel·les de première ligne sur le sens de leurs actions, voire leur éthique de conviction. En effet, l'accompagnement social et éducatif est percuté par l'irruption du numérique. Les professionnel·les s'interrogent sur la place, les limites de leur intervention, le respect de l'intimité des personnes. Il est donc central de leur donner la parole sur cette nouvelle manière d'accompagner qui questionne, au-delà du respect de la vie privée, parfois aussi du côté de la présence/absence. L'épreuve de la crise sanitaire est venue là encore nous interpeller : peut-on accompagner si on n'est pas en présence ? La rencontre peut-elle se faire quand on est à distance ? Quel est le rapport des uns et des autres vis-à-vis du numérique …[-]

Projet. Mot magique, comme la baguette du même nom, il peut tout faire ou presque. Pratique de l'art consommé de l'illusion, ou indispensable outil du quotidien, qui a pénétré les métiers de l'accompagnement pour en soutenir l'exercice voire parfois les disqualifier tout autant.
Projet. D'un côté, ce que nous imposent les pouvoirs administratifs, et de l'autre ce que nous enseignent les patients, les personnes autistes, les personnes handicapées : d'une part, un programme de « soins » ou de prise en charge à élaborer et mettre en œuvre avec l'arsenal coutumier de procédures légitimes dans le respect des bonnes pratiques ; et de l'autre, le respect absolu d'une certaine manière d'être au monde dont témoignent ceux d'entre nous qui extravaguent de chemins buissonniers en tentatives désespérées du vivre.
Dans ce dossier, nous mettons donc en dispute des textes abordant la question du projet : récits de pratiques et analyses venant questionner l'omniprésence du projet dans le social, l'éducatif et le soin. Chacun de ces textes, à sa manière, renvoyant à l'irréductible humain dans les pratiques…[-]